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Déviation n°01 : Faut-il redéfinir le beau

Faut-il redéfinir le beau ... en amour

Yasmine Harizi

Tout d'abord, je tiens à préciser que le titre original était “Faut-il redéfinir le beau… en attirance, mais en relisant l’article, j’ai trouvé que c’était un peu ringard (tout comme l'utilisation du mot ringard). “En amour”, c’est mieux. L'amour parle à tout le monde et je veux devenir célèbre et riche donc plus grande est mon audience, mieux ce sera. 

 

Faut-il donc redéfinir le beau en amour? Bon, le titre est un peu vague. L’un serait tenté de répondre “oui!” Tout change et évolue dans la vie donc pourquoi le beau ne devrait pas se redéfinir et changer aussi? C’est beaucoup TROP facile comme réponse, je sais…recommençons depuis le début.

 

Quand j’ai eu le thème de ce premier numéro, j’ai tout de suite été inspirée par un sujet qui m’agaçait (et qui m’agace toujours d’ailleurs) au plus haut point dans mon métier: dessiner et concevoir le projet à vue d'oiseau. Je m’explique, Dessiner un projet à vue d’oiseau, c’est souvent - voire TOUJOURS- chercher la pureté de la forme, la ligne droite, l’orthogonalité, la perfection de la géométrie. Sauf qu'à moins d’être en avion ou de se réincarner en pigeon, il y a peu de probabilités que vous vous disiez: “Waw! Quelle percée! Magnifique cet axe! Sublime cette symétrie!” Je vous parie un café que ça vous saoule les chemins en demi-cercle et que vous êtes prêt à traverser le terre-plein en diagonal, quitte à écraser le gazon pour gagner quelques mètres dans vos trajets. Bref, tout ça pour dire que  je suis vite arrivée au bout du sujet et qu’il n’ y avait pas grand chose à creuser. Pas besoin d’un article pour dire qu’il faut arrêter de chercher la beauté du dessin quand on conçoit à une échelle qui ne permet pas la perception du projet dans son intégralité. Donc, très vite j’ai séché… puis nouvelle inspiration: le fondement même de la question: faut-il redéfinir le beau? Le fond de mon article est devenu l’intention de la question en soi et non le sujet qu’elle questionne: Pourquoi faut-il se poser la question? Pourquoi se demander si quelque chose doit se redéfinir? N'est ce pas le propre de la nature? Sauf que là encore, c’est évident. La réponse est oui, il faut redéfinir… On est pas très avancé là, je vous l’avoue. 

 

A l’instant où j’ai reçu la notification de la date de parution de l’article: coup de stress! (ma chère éditrice bien sûr que non, c’était juste un mini stress tout riquiqui). 

Moi qui procrastinais depuis bientôt 2 mois sur un sujet en dépit de toutes les notes que j’avais mise sur mon téléphone pendant les nombreux malaises voyageurs de la ligne 13, je n’avais toujours pas pondu d’article. J’ai donc décidé de prendre une douche pour réfléchir à ma ligne de rédaction en espérant secrètement que ça puisse me distraire du fait que je me sois faite ghostée le jour même par un mec que je ne trouvais même pas si beau que ça…EUREKA! Elle est la mon approche! Comment est-ce que je peux relier le fait de m’être faite ghostée à un article sur le beau? je ne sais pas, moi aussi je me pose la question, mais on va le voir ensemble à la suite de cet article (purée même moi je suis intriguée maintenant)

 

Pour faire les choses bien quand même, je suis allée chercher la définition du beau, voici donc mes notes du 10 janvier (elles auront finalement servi ces notes hein)

“Un retour à l’étymologie du mot est toujours essentiel/pré-requis dans une démarche de questionnement et de reconstruction, sur quels principes est fondé le beau? …Le beau: qui cause une vive impression capable de susciter l’admiration en raison de ses qualités supérieures dépassant la norme ou la moyenne….Parlons nous de qualité esthétique? graphique? j’ai même écris plus loin “Faut-il se limiter à une vision eurocentriste? Le beau est-il forcément gracieux et élégant? 

 

Difficile à dire je n’ai pas rencontré le mec en question. Vive impression capable de susciter l’admiration…oui bon je ne vais pas dire que je l’admirais mais je dois avouer qu’il était vachement intéressant grâce à “ses qualités supérieurs dépassant la norme ou la moyenne” et la je parle BIEN SÛR de son humour et l’intelligence qui se dégageait de son discours (petits coquins! concentrez vous je vous ai dit que je ne l'avais pas rencontré en vrai!!). 

 

Pour arriver à quelque chose de fructueux à la fin de cet article, je vais essayer de suivre une démarche scientifique: Avant de savoir si ce mec valait la peine que je transgresse  ma règle suprême en terme de beauté masculine (qu’en d’autres termes je puisse réinventer ma vision de l’homme “beau”), il faut d'abord que je vous expose ma propre définition d’un homme beau, qu’en des termes plus littéraires, je vous présente ma norme en terme de qualité. Quelque chose me dit que je ne vais pas assumer. S’il vous plait, je ne suis pas prête pour la sauce. (ps: les moralisateurs qui me diront que c’est superficiel bla bla bla, lisez l’article d'abord)

 

Ce qui est fascinant, c’est que la beauté est subjective…jusqu'à une certaine mesure. D’après David Hume - que j’ai découvert en cherchant sans le moindre scrupule et  de  manière délibérée  un philosophe qui rejoint mon point de vue- des personnes différentes n’ont pas le même jugement sur le même objet, dans notre cas, vous et moi pourrions ne pas trouver mon ex crush (je sais pas trop si j’avais un crush sur lui, je suis balance après tout, j’ai un crush toutes les 5 min …HMMM, je pense que pour le bien fondement de ce témoignage on va considérer que j’avais effectivement un vrai crush sur lui, petit crush, mais crush quand même).

Je reprends, d’après David, Dave pour les intimes, la beauté est subjective dans le sens où plusieurs personnes pourraient porter un jugement différent sur mon ex crush, certaines le trouveraient beau, d’autres un peu moins… MAIS QUE NENNI! quand j’ai montré sa photo à deux potes - la validation des copines tu connais - elles ont toutes les deux trouvé son sourire chaleureux. Mr. a bien suscité une vive impression car la chaleur de son sourire dépassait la moyenne de chaleur des sourires des autres mecs, donc forcément il y a un certain consensus? et bien oui j’ai raison, parce qu’en cherchant un peu plus, j’ai découvert que même dave (David Hume pour les sérieux d’entre vous) ne pensait pas que son approche était dévolue d'objectivité, en réalité, et selon lui, l’unité de la nature humaine justifie un certain consensus sur ce qui règne sur les beaux mecs (enfin il parle d’objet mais bon). 

Ma nature humaine à moi fait que le beau réside dans l'intellectuel, dans l’humour, mais pas l’humour relou, l’humour fin, intelligent, dosé, le bagout. Le beau réside dans les réponses à mes messages quelques part entre les 5 et les 120 min qui suivent (personne, je vous dis bien PERSONNE ne peut rester plus de 2h sans checker son tel), le beau c’est l’assurance, pas celle qui frôle la prétention, mais celle qui te rend indulgent et tolérant car tu sais de quoi tu parles, tu sais ce que tu vaux et tu ne te sens pas menacé par l’autre. Le beau c’est aussi un mec qui fait au moins 1m82 et oui sorry not sorry mais je fais 1m80 le beau est donc pour moi un homme plus grand (j’ai oublié de préciser je suis une femme cis genre hétéro et flexitarienne).

 

Un homme beau est donc pour moi quelqu’un qui est plus drôle, plus intelligent et plus grand que 1m82. Un homme juste drôle, un peu futé mais pas trop et qui fait 1m80 ne cause pas  une vive impression qui suscite de l’admiration en raison de ses qualités supérieures dépassant la norme ou la moyenne car justement il ne dépasse pas la moyenne que j’ai fixé.

 

Dans une démarche purement académique teintée d’un trop long célibat, j’ai décidé de redéfinir le beau et donc de baisser la moyenne de la qualité qui suscite le plus d’admiration chez moi: LA TAILLE (...de la personne). Et si je questionnais cette qualité là en particulier? et si je donnais une chance à ce mec au sourire chaleureux et au goût musical impeccable? Une qualité peut-elle en compenser une autre? La vue sur mer d’une façade en verre compense-t-elle l’effet de serre d’une mauvaise isolation thermique en été? Non. Ce qui est beau n’est pas forcément bon. Un mec qui fait 1m90 ne sera pas forcément l’homme parfait. C’est donc avec la plus grande des surprises et la plus petite des satisfactions intellectuelles que j’ai remis en cause ce critère de sélection (très sélectif puisque la moyenne de taille des hommes en France est de 1m75). Bon cela ne m’a pas mené très loin car je me suis faite ghostée vous l’aurez compris.

 

L’amertume d’un égo amoché passée, cette petite expérience/crush de 7 jours m’aura au moins initié à l’exercice de questionner le beau, je ne l’ai pas encore redéfini certes, mais là où avant je disais un non catégorique, aujourd’hui je peux dire peut être…Le beau n’est pas figé, il n’est pas immuable, il peut être redéfini, difficilement, lentement, mais avec un peu de sens critique et de réflexion surement. 

 

Pour tous ceux qui ont lu jusqu’à la fin pour savoir pourquoi je me suis faite ghostée, sachez que moi même je ne le sais pas mais il semblerait bien que mes qualités n’aient pas été supérieures à la norme ou la moyenne de Mr. Sourire, peut être devrait il lire cet article pour redéfinir son propre beau?

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